En 2018, deux tours végétalisées vont pousser à Nanjing, portant un millier d’arbres et plus de deux mille plantes. De quoi dépolluer — un peu — l’air alentour, absorber du gaz carbonique et produire de l’oxygène. L’architecte italien a déjà réalisé un projet semblable à Milan. L’idée de végétaliser les villes et leurs bâtiments ressemble parfois à un gadget ou à de la science-fiction, mais elle fait son chemin et commence à se concrétiser.
Confrontées à des niveaux de pollution devenus intolérables, les agglomérations chinoises cherchent des solutions pour les réduire. C’est le cas de Nanjing (ou Nankin), une grande ville de l’est sur le delta du Yangzi Jiang (ou Yang-Tsé Kiang, ou encore Fleuve bleu). Deux tours d’habitations luxueuses, de bureaux et de commerce, de 200 m pour la plus haute et de 108 m pour l’autre, sont en construction, pour une inauguration prévue en 2018.
Elles porteront 1.100 arbres de 23 espèces locales, dont 650 « de grandes tailles », ainsi que 2.500 plantes et arbustes. Au total, la végétation représentant 6.000 m2. D’après l’architecte, l’Italien Stefano Boeri, cette végétation produirait 60 kg d’oxygène par jour et absorberait 25 tonnes de CO2 par an. L’idée est aussi de maintenir une certaine biodiversité, végétale et animale, en milieu urbain. Les plantes ont aussi la capacité de retenir les polluants et les poussières.
Ces deux tours ne sont pas une première. Cet architecte a déjà réalisé deux tours d’environ 100 m, implantées à Milan et terminées en octobre 2014. Baptisées Bosco Verticale (forêt verticale), elles représentent un hectare de verdure. Les quelque 2.000 arbres et plantes sont fixés sur de vastes balcons renforcés et maintenus par des grillages et des sangles. Des tests en soufflerie ont démontré leur résistance au vent. Les habitants ne sont pas transformés pour autant en jardiniers ou en gardes forestiers. Ils n’ont même pas le droit de s’occuper eux-mêmes de ces plantations, dont l’irrigation est entièrement automatisée, l’eau provenant de la climatisation.
Vue d’artiste des deux tours porteuses d’une « forêt verticale », en cours de construction à Nanjing, en Chine. © Stefano Boeri Architetti
Une végétation au cœur de la ville
En France, l’architecte Vincent Callebaut, avec ses « cités bioniques », travaille dans la même direction, avec vergers et potagers suspendus. Ses premières réalisations du genre voient le jour en Asie, où les préoccupations environnementales prennent du poids depuis quelques années. Cependant, l’effet global est encore mal connu et ces habitations restent d’un coût élevé. En Chine, la plus grande des deux tours hébergera des bureaux, un musée, une école d’architecture et un club privé sur le toit. La plus petite abritera un hôtel Hyatt, une piscine et un centre commercial.
Sont-elles illustratives des villes du futur ? Il faudra attendre quelques années pour que ces solutions, et d’autres, deviennent plus abordables, à mesure qu’elles se répandront. « En 2050, nous serons neuf milliards et 80 % de l’humanité vivra en ville, nous expliquait Vincent Callebaut en 2014. Il faut s’interroger maintenant sur la manière dont nous produirons la nourriture. […] Il faut viser la Lune pour ensuite atteindre les étoiles… »
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